Fra li monti-GR20 Session de rattrapage

GR20bis_headerDeuxièmement; asseyez vous, premièrement; bonjour,

Pour cette seconde partie du GR20, toujours autant d’action, d’émotion, de suspens et de cailloux… mais pas de neige. Comme prévu donc (pour ceux qui auraient suivi), je m’en retourne achever le périple commence en mai dernier en parcourant l’itinéraire officiel du fameux GR. Sac léger (10kg), chaussures de trail, 3kg de matos photo histoire de rajouter un peu de challenge quand même.
Objectif: terminer le parcours et profiter des jours de pleine lune pour faire ascension de nuit de la Paglia Orba et du Monte Cintu afin d’obtenir de jolis clichés.

L’histoire qui suit est inspirée de faits réels.

Lundi 19 aout : D+1050m / D- 520m

16h00. Départ du Col de Vergio en compagnie de touristes qui m’ont accompagné jusque là et qui viennent découvrir le fameux Golo et l’acceuil chaleureux des gardiens (bergers/escrocs/épiciers/enc**** de leur ra**) de Ciottulu di u Mori, refuge à éviter à tout prix (à 2h du gite de Vergio et 2h de Tighjettu.
18h30. Arrivée au fameux refuge dans un temps mitigé, brouillard intermittent mais soleil. D’emblée le sympathique gardien m’annonce une météo catastrophique pour le lendemain; en gros quel que soit mon plan la réponse est “n’y comptez pas”, il me rit limite au nez quand je lui dis que j’envisage de grimper de nuit sur la Paglia Orba.
19h30. Il fait froid, je m’emmerde sec au refuge, allez j’y vais.ok_GR20_04_pagliaorbanuit
Il me faut 45 minutes pour arriver sur le sommet ouest (épaule rocheuse en dessus du col des maures à 2400m), pose photo de 15 minutes, mais il fait pas encore nuit et il y a de gros nuages. Je désescalade au clair de lune, et à la frontale surtout (bien grimpant d’ailleurs).
22h00.Retour au refuge pour ne pas dormir grâce aux amis des gardiens qui mangent à 23h 00 se couchent à côté de moi à minuit, ronflent.
01h00. C’est au tour d’un groupe de se lever et de décamper….

Mardi 20 aout : D+1708m / D- 2411m

ok_GR20_06_tempacciu05h50. Départ du refuge, je me suis levé 30 minutes plus tôt, il faisait encore nuit et au loin on apercevait des nuages éclairés par les orages. Après réflection, je pars pour Tighjettu, je sais que j’arriverai au refuge avant que l’orage ait une chance de venir sur ma position.
ok_GR20_07_tighjetu08h00. Arrivée à Tighjettu, un vrai refuge avec des gardiens sympa, pause coca avant d’attaquer la montée direction le Cirque de la Solitude. L’orage s’est dissipé et les nuages vont vers le Sud.
09h00. Bocca Minuta, E Cascettoni s’ouvre devant moi, je sens que les gens sont globalement fébriles. S’ensuit une longue descente aux enfers (éviter les parpaings qui partent dans le pierrier) puis une belle remontée sur de splendides dalles rocheuses et vertigineuses aux couleurs surréalistes (violet, vert, orange…).
10h00. Bocca Tumasginesca, le plus dur est fait! Avec la neige et la glace de mai ça aurait été coton je pense, il ne me reste plus qu’à redescendre tranquillement sur Ascu Stagnu, en ok_GR20_08_cascettonirêvant d’une ok_GR20_15_cascettoni vue hauttroisième étape l’après midi.
ok_GR20_18_vallee d'asco bas12h00. Station de ski du Haut Asco, le patron du snack stoppe mes plans pour continuer en m’annonçant des orages (décidément c’est la mode), je prend donc une longue pose pour voir comment évolue la situation (le Cintu est dans les nuages et la météo ne semble pas clémente pour le lendemain).

14h10. Après avoir regardé les nuages se former et se déformer en dessus du prochain obstacle (Bocca di Stagnu et Muvrella), je repars pour une ascension de 600m, 5 minutes plus tard un énorme nuage d’un noir épais se forme en dessus d’Ascu Stagnu. Au lieu de descendre j’accélère, et je parviens au somment en 45 minutes.ok_GR20_20_cintu da muvrela
15h00. Après une brève traversée j’arrive à Bocca di Muvrella (qui surplombe le fameux “lac de la Muvrella”) et j’amorce la descente sur Carrozzu (en dessus de Bonifatu).ok_GR20_22_descente sur Carrozzu
17h30. Arrivée au refuge, complet, je prend une tente (interesting…), le gardien me dit qu’ils (la météo) annoncent des orages le lendemain à partir de midi, et fini par ajouter que ça fait 4 jours qu’ils annoncent de la pluie et qu’il ne pleut pas alors que la semaine précédente ils annonçaient beau tout le temps et qu’il a plus tous les jours. Les choses semblent donc rentrer dans l’ordre.
18h30. Dodo

Mercredi 21 aout : D+ 977 / D- 2140

05h25. Départ à la frontale, la lune est pleine mais trop basse sur l’horizon pour éclairer quoi que ce soit.ok_GR20_25_brouillard innuminata
06h25. Après une belle montée dans un pierrier, j’arrive à Bocca Inuminatta, c’est parti pour une heure de traversée sur arrête, dans un brouillard épais qui me rappelle l’Alta Rocca du mois de mai.
07h30. Après ce passage assez désagréable, je sors à Boccas Pisciaghja, le brouillard se lève, la vue est magnifique, le chemin dans un beau pierrier rouge semble des plus prometteurs.
En fait 5 minutes plus tard je découvre une descente dans des chaos de blocs ( un très joli chaos de blocs arborant des lichens fluos du plus bel effet, mais néanmoins interminable et désagréable).ok_GR20_26_bocca di pisciaghja
09h10. Arrivée à Ortu di U Piobbu, gardiens souriants, pour une brève pause; le train de Calvi pour Ajaccio est à 15h dans mon souvenir, plus il faut gérer le retour à Calvi en stop, donc prendre un peu de marge.
09h30. Départ, bon je pense metre 3h30 contre 5h dans le topo, ce qui me laisse normalement une bonne marge.
11h15. Bocca di U Saltu, il commence à faire chaud, je croise des hordes (oui des hordes grouillantes) d’étrangers encore frais (enfin pas tous) qui partent sous un soleil de plomb. J’engage la dernière descente en courant, jusqu’à arriver à la vitesse vertigineuse de -33m/minute, puis je ralentis devant les nombreuses racines de pin qui jalonnent la sente.
12h20. Bocca di u Ravalente, vue sur Calenzana, avec un grand soleil cette fois ci.
12h45. Arrivée à Calenzana
12h50. Je suis pris en stop par tes tchèques qui ont fini le GR la veille.
13h00. Calvi, y’a plus qu’à manger un bout et attendre le train.
20h25. J’arrive à Ajaccio, je remonte au village avec les touristes qui m’ont emmené au col de Vergio deux jours plus tôt, et qui s’avèrent être mon frère et sa meuf.

Bilan, CR et SIG (elle est bien celle là):

-objectif 1 pulvérisé; je pensais pas aller aussi vite mais à défaut de Red Bull, la peur des orages donne des ailes
-objectif 2 (photos de nuit sur le Cintu et Paglia Orba); c’est un échec, il faudra revenir.

En terme de préparation, le sac léger et les chaussures adaptées sont vraiment un regal; pas d’ampoules quelques douleurs sur les chevilles mais bon, on a rien sans rien.
Pour faire l’intégrale je pense qu’il faut partir léger, et privilégier le ravitaillement dans les refuges, pas besoin de trépied pour l’appareil photo, pas de réchaud, (eau, trousse secours, duvet, couverture survie, vêtement de pluie et go!).
La partie Nord est vraiment très alpine, il faudra être vigilant du fait de la fatigue accumulée sur la première partie.
Comme toujours le terrain est rude et les descentes douloureuses, mais cela est très largement compensé par un cadre sublime et des paysages à couper le souffle.

Et maintenant? Bah attendre l’hiver pour le faire en ski, et juin 2014 pour faire l’intégrale!

D’autres photos ici !

Alors je reprends pour les deux du fond:les photos de mai & le récit de mai