Scialet Robin Le Conte Rendu

          L’histoire qui suit est intégralement tirée de faits réels (et c’est un peu dommage non?)

Samedi 22 mars, pour finir cette belle journée de Sainte Lea, et après maintes péripéties impliquant une lampe acéto, une flamme et mon avant-bras, José et Alex me rejoignent pour préparer les kits du périple à venir ; l’exploration du fameux Scialet Robin.Robin

On se prépare à être une équipe réduite, il y a pas loin de 200m de puits à équiper, alors autant gagner du temps, vu qu’on aura bien assez d’occaz pour en perdre le lendemain…
On a pas de corde assez grande pour équiper le dernier puit , après examen minutieux des diverses sources à notre disposition nous partons sur 40/35/30 (on se rendra compte qu’il valait mieux 40/35/35).
23h00, les kits sont prêts, le plan de bataille est arrêté, il y’a plus qu’à aller se coucher, mais on a 4 kits (entre 80 et 100 m de corde dans chaque et un avec le matos photo et des trucs inutiles genre kit de secours, eau et nourriture, Iker a décliné l’invitation pour « travailler », Eric parce qu’il devait serrer un type en collants, et Regis parce que c’est un con. On se rend compte qu’on a pas proposé à Joakim, qui accepte de venir s’égayer et porter le 4e kit !

Dimanche 23 mars, pour fêter la Saint Victorien, nous nous donnons rdv à 7h30 devant le chaleureux carrefour St Egrève, après avoir acheté des sandwich pas bon (et sinon le récit de la spéléo ça vient ??….ok, on y arrive).
9h ; nous nous garons à l’endroit indiqué, après une marche d’approche de 5 minutes, et 1h d’attente (car je pensais que c’était plus bas, et que donc j’ai brassé pour rien), nous pénétrons enfin dans la cavité !Scialet_Robin_01-Porche_entree-Joachim-Jose

ICI COMMENCE LE RECIT DE LA SORTIE
Les premiers puits sont plutôt inconfortables et sans grand intérêt, Alex équipe le premier jet à ma place puis je prend le relai.
Je me met direct une terreur sur le P13 qui mouille ;Scialet_Robin_13-P15-MC-Antoine les chevilles de la main courante qui mène à la tête de puit sont usées, bon je visse quand même ce point qui m’inspire pas, après m’être assuré avec la poignée plus en amont, je me pend sur le point, je me tend vers le suivant, plaquette dans la main gauche, clef dans la droite (on comprend alors avec stupéfaction que je suis droitier !)… et comme prévu le point précédent lache ! base de 2m, escalade puis nouvelle tentative en faisant appel à mes qualités de grimpeur, je fini par parvenir à équiper ce puits sous les quolibets de mes comparses. Ca rame, et je suis trempé…
S’ensuivent 3 ressauts inutiles qui débouchent sur la première grande verticale, José prend le relai.Scialet_Robin_40-P138-C40-Antoine
Ces deux premiers grand puits sont magnifiques, et se terminent tout deux sur de confortables vires qui semblent décrire une spirale dans le Jack Pote.
C’est alors à Alex d’aller équiper le dernier jet de 100m, avec de bons fractios et un terminus à penduler, assez inconfortable.
Petite note, prévoir une corde un peu plus longue permet « d’équiper » un ressaut de 3m une fois qu’on s’engouffre dans le réseau Scialet_Robin_25-P138-C40-Josefossile.
Après quelques hésitations nous arrivons dans la salle blanche pour manger, il est 14h.

 

14h30, le même jour, 200m sous la surface.
Après un copieux repas nous pouvons enfin commencer sereinement l’exploration, on vire les harnais et tout le matos pour plus de confort, et c’est parti !
Tout commence par une belle marche tortueuse dans le labyrinthe, entre les blocs de calcaire sauvagement découpés et irisés de cristaux blancs. Après quelques centaines de mètres, nous débouchons dans un gruyère qui renferme les « soldats de calcites », de petites concrétions dressées vers le ciel, ou plus exactement le plafond, dans des gours asséchés très cristallisés.Scialet_Robin_55-Labyrinthe-Soldats_de_calcite
Le périple continue jusqu’à une petite escalade dans des chou fleurs très fins, à l’aide d’une corde fixe, au plafond, à droite se trouve le chemin par lequel nous avons prévu de revenir.Scialet_Robin_105-Galerie_Avalamont-Excroissance-Antoine
Nous avançons jusqu’à la galerie des manchots, les murs se recouvrent peu à peu de cristaux d’aragonite pour enfin déboucher dans le collecteur ; une immense galerie de plusieurs mètres de diamètre. Nous commençons par tourner à gauche, soit direction l’aval, nous passons par la labyrinthique « salle bloc » et nous poursuivons jusqu’à la cathédrale. Nous faisons demi tour à la « salle hop » après avoir croisé la concrétion très caractéristiques qui pend en plein centre de la galerie, ainsi que les superbes cristaux d’aragonites perchés sur un bloc solitaire sur le sol.

Demi tour donc pour rejoindre l’amont du collecteur, en faisant un petit détour par la rivière de calcite, Scialet_Robin_132-Riviere_de_calcite-Antoinesuperbe dalle naturelle mais qui n’est plus aussi immaculée que sur les photos originelles… Après une marche rapide dans une tranchée bordée de draperies et concrétions en forme d’amas de billes, nous buttons sur le puit des assiettes. Il est 18h30.

Scialet_Robin_141-Galerie_Avalamont-Amont-JoseScialet_Robin_137-Galerie_Avalamont-Amont-Concretions_rondesNous cherchons le départ d’un boyau(facile) au pied de cette même galerie qui rejoint le labyrinthe au niveau de l’escalade des chou fleurs. Le début est assez évident, mais plus on avance, plus c’est étroit (oh oui !) et plus le doute commence à gagner nos esprits… merde, ça fait longtemps qu’on avance et on a toujours pas trouvé la jonction…
Après quelques hésitations, nous poursuivons et finissons par déboucher une cinquantaine de mètres après l’escalade des choux fleurs, et oui on a du louper quelque chose, un petit coup d’œil aux autres CR sur le net nous rassure car nous ne sommes pas les seuls !

19h30 C’est cool, on est aux choux fleurs, quelques centaines de mètres et c’est les puits !
Je passe devant, je franchi les « soldats », j’escalade le petit ressaut quelques dizaines de mètres plus loin, je continue décidé, et je retombe sur… les soldats…fuck.
Je me retourne ; Alex et Joakim sont là, mais José…
On avance un peu, on retrouve le bon chemin, on attend… rien.
Joakim part alors devant pendant qu’Alex et moi continuons d’attendre, au bout de dix minutes, toujours rien, on se remet en marche ; « il doit être devant », on recroise Joakim, « t’as trouvé José ? », « non, mais j’ai pas fait demi tour… » « nous non plus… », bien joué, une deuxième boucle !
On finit par continuer, pour déboucher sur la salle blanche et s’apercevoir que le kit laissé là a disparu…bonne nouvelle, José est devant… ou alors quelqu’un nous fait une blague.
Mais non, notre ami avait juste pris le bon chemin du premier coup (1ere boucle que j’ai amorcé) et ne nous voyant pas devant lui a accéléré !

20h30, en bas des puits, cool dans deux heures on est dehors !

Lundi 24 mars, la Sainte Catherine de Suède nous accueille Scialet_Robin_149-Sortie-Neige-Joachimà gros flocons à la sortie du trou après 4h de remontée (ou d’attente dans le froid, vu que je déséquipait les puits d’entrée), il est 00h30… ô top !
Retour à la voiture dans 5 bons centimètres de fraîche !

Bon, plus qu’à rentrer à Grenoble, facile dans la tempête.
30 minutes plus tard nous sommes à …Omblèze… José (qui conduit), lui aussi termine cette longue journée en se perdant, mais pas sous terre !

3h00 retour à Grenoble, ou à St Egrève sur le bucolique parking du carrefour où une patrouille de gendarmerie viendra s’enquérir de nos activités nocturnes…

4h00 dodo

Bilan :
– une belle journée passée sous terre, pas de pluie, donc pas de crue, donc cool (et vu la météo c’était pas gagné)
– 14h d’explo dont environ 8 passées sur les verticales
– un joli paquet de photo
– faudra revenir et rester plus longtemps !

Quelques liens
Le topo exhaustif ici
Mes photos
Les photos d’Alex
Des photos de meuf à poil (mais sans poils) pour faire plaisir à Fabien Mullet qui nous a aimablement conseillé cette cavité.