Fra li monti-GR20 ballade printanière

le kingTout avait bien commencé…et tout ne s’est pas mal fini d’ailleurs!
Grâce aux largesses de l’Etat Français et aux conditions climatiques exceptionnelles de ce mois de mai j’ai pu profiter de mon séjour sur l’Île de Beauté pour réaliser le mythique GR20. Première grande rando, en solo, et pieds nus !

A là lecture du topo j’envisage de faire la traversée Sud-Nord et de doubler les étapes; ça devrait taper dans les 2000m de D+ par jour environ, le parcours est donné en 16 étapes, ça devrait en faire 8 donc. Par chance la météo du lundi 6 mai annonce 9 jours de beau temps consécutifs. Bref juste ce qu’il faut, je fais mon sac qui pèse au final 18 petits kilos, mercredi matin, 8h, je pars sur les chemins, bambinouillant* gaiement.

Mercredi 8 mai: D+ 1873m / D- 590m
8h00.départ de Conca, droppé là bas en voiture
12h00.refuge I Paliri; j’ai mis 4h contre 6h30 dans le topo, super, à ce rythme là dimanche je suis à Calenzana!
13h00.passage à Foce Finosa
13h40.arrivée à Bavella, un joli brouillard d’été, je desserre les chaussures un instant au bar du col.
_MG_775314h30.c’est reparti pour la seconde partie de la journée, direction le refuge d’Asinao par la variante Alpine, la montée à Punta di l’Accelu est raide mais sympa, la traversée derrière bien aussi, le passage avec les fameuses chaines est anecdotique. La descente qui rejoint l’itinéraire normal est sévère : nombreuses racines dans un chemin raide._MG_7766
18h45.refuge d’Asiano, j’ai mal aux pieds, au dos, le sac est un paramètre nouveau et assez désagréable, les chaussures d’alpi sont pas forcement le meilleur choix, mais la partie nord est enneigée donc ce n’était pas vraiment un choix. Enfin, une bonne étape de faite, celle du lendemain est plus courte, enfin moins de dénivelé+, cool, dodo.

Jeudi 9 mai: D+ 1090m / D- 1030m
_MG_77767h40.départ d’Asinao
9h30.pause photo à l’Incudine, ciel dégagé, un régal. Je découvre qu’un itinéraire bis existe pour l’étape en question, il s’agit en fait de l’ancien tracé du GR, sur la carte ça semble plus court mais je décide de rester sur le programme initial, passer par Matalza. _MG_7793
12h30.refuge de Maltaza, en construction, je suis éclaté, mes pieds me brulent, mes épaules hurlent sous le poids du sac, je trouve un rocher à l’ombre et je récupère comme je peux. Les voitures qui viennent de Zicavo me disent que ce serait plus sage d’arrêter là, une envie: redescendre vers la civilisation et me mettre sur « off ». Après une heure de repos et de tergiversations je décide (courageusement) de poursuivre, notamment parce que si je fais ça je risque de me faire pourrir par mes camarades continentaux, et puis ça aurait été la loose quand même.
13h30.bref c’est reparti, un petit passage par les bergeries de Basseta où j’apprends avec une certaine joie qu’il ne reste que 4h pour arriver à Usciolu.
_MG_783117h00.la traversée du ruisseau de Partusu est délicate, j’arrive à Punta di a Scadatta, ça a été laborieux, mais on voit le refuge, il est « juste là »
18h30.refuge d’Usciolu, après une âpre bataille sur une arrête rocailleuse abominable. Refuge gardé, très bon accueil, myrthe locale de qualité. Mes orteils sont en fait deux grosses ampoules…

Vendredi 10 mai: D+ 747m /D- 1200m
_MG_7840 8h30.après une absence de bonne nuit de sommeil du fait d’un duo de ronfleurs de compétition, je me remet en route après avoir confectionné de sympathiques réparations sur mes pieds meurtris. Les deux premières heures sont un régal, jusqu’à Punta Mozza, grand soleil, je récupère un protège sac sur une vire rocheuse et double le duo de ronfleurs qui prévoient de faire étape au prochain refuge, bonne nouvelle, je vais au suivant!
10h30.comme toutes les bonnes choses ont une fin, le temps se couvre et il se met à pleuvoir, je ferai tout le trajet entre Bocca di Laparo et Prati dans un brouillard bien dense, la montée à Punta di Campitello est athlétique, c’était probablement joli mais j’ai rien vu…
_MG_7851 14h00.refuge de Prati, ça sent le Zyklon (les refuges ont été traités contre les punaises de lit la semaine d’avant, comment ça de mauvais goût?!), je prend une Pietra chez les « très aimables » gardiens (si vous passez là bas le message en dessus de l’évier donne la couleur!).
15h00.c’est reparti, je descend sur Bocca di Verde, je croise une famille qui monte et qui me demande si c’est plus facile après, les pauvres…
16h30.arrivée à Bocca di Verde, gite sympa, première douche, chaude en plus! Serveuse bien mignonne aussi tiens.
Toujours mal aux pieds mais l’étape du lendemain est cool, ça devrait le faire.

Samedi 11 mai: D+ 890m / D- 1140m
_MG_7881_MG_78938h00.départ de Bocca di Verde pour une rando printanière
10h15.
pause à 1515m, dans la descente de la crête de Pietra Scopina, le trajet est assez plat et interminable, mais le sentier est grand luxe par rapport à ce qui a été rencontré jusqu’alors.
12h00.
gite à E Capanelle, gardé par des portugais où je ne sais trop quoi. Je m’offre une assiette de charcuterie le temps d’une pause bien méritée.
13h10.
remise en route, trajet agréable jusqu’à Bocca Palmente d’où se découvre le Monte D’Oro, couvert de nuages. C’est là que commence la descente sur Vizzavona, interminable et désagréable. J’arrive au Village avec un mal de chevilles fulgurant, bref je me déplace comme un vieux…
17h40.
arrivée à Vizzavona, et c’est là que les problèmes ont commencé… Et oui, les refuges étaient supposés être ouverts non gardés, or ce n’était pas le cas, et moi qui pour  une fois avait prévu large en partant avec 100 euros en cash, je me retrouve avec 10 euros pour la suite du parcours. Mais bon, chaque problème à sa solution, je prend le train pour Ajaccio et récupérer du cash.
21h00.
je suis chez tonton, pizza whisky devant national geographic channel après une bonne douche.

Dimanche 12 mai: D+ 1221 / D- 771m
11h10.arrivée à Vizzavona
12h00.j’arrive à la cascade des anglais, après avoir remonté le ruisseau de l’Agnone, qui me donne envie de sauter dans ses vasques turquoises (oui il y a encore du soleil, les vasques sont encore turquoises).
Puis ça se gâte; après un dénivelé moyen interminable, à l’ombre dans les névés, je remonte en ligne droite les 400 derniers mètres de dénivelé jusqu’à Punta Muratello.
14h50.Très belle vue de Punta Muratello, enfin surement. Je descend jusqu’au refuge de l’Onda avec une visibilité de 20 mètres, je fais du « pierre à pierre », merci le balisage.
16h15.refuge de l’Onda…non gardé, pas d’eau courante. Les Bretons qui font le chemin avec moi depuis Asinao ont l’amabilité d’aller chercher l’eau à la source située à 20 minutes du refuge.

Lundi 13 mai: D+ 1500m / D- 1320m
_MG_7946 6h40.départ, grand beau temps, passage par les crêtes enneigées, a Punta di l’Altore je vois à quel point la descente dans le brouillard de la veille était belle.
L’itinéraire commence à être enneigé, je vais faire la trace pour les bretons qui ne sont pas dans leur élément!
10h00.refuge de Petra Piana, je croise le gardien, un vrai montagnard qui est venu remettre de l’ordre avant la saison, quand je lui fait remarquer que l’acceuil dans le sud était pas top il me dit « oh vous savez, sur le parc on est trois professionnels de la montagne, après dans les refuges il y a de tout; des bergers, des épiciers, des escrocs, des assassins, des voleurs, des bandits… » Il se fait quelques soucis pour son ravitaillement car la météo doit se dégrader (comme vérifié sur le net la veille).
11h00.départ de Petra Piana dans la neige
12h00.arrivée à Bocca Muzzella, au fur et à mesure la vue se dégage sur les lacs de Melo et Capitello.
_MG_798115h00.arrivée à la Brèche de Capitello, quasiment tout dans la neige, temps exceptionnel, le bonheur. Je croise deux savoyardes en short basquettes qui courent dans la neige là où je suis avec les bâtons et les crampons… Petite pause pour profiter de la vue sur les Calanques de Piana.
16h40.arrivée à Manganu, pas gardé comme prévu, la descente dans la neige est un régal, je me prendrai une boite monstrueuse mais sans gravité sur une dalle mouillée, preuve que mine de rien on commence à fatiguer, malgré ça mon sac s’allège, j’ai presque plus mal aux pied et les ampoules sont en rémission.

Mardi 14 mai: D+ 1033m / D- 643m
_MG_8001 7h25.départ de Manganu
Ca monte tranquille jusqu’à Bocca a Reta, je passe par les pozzines,le fameux Lac de Ninu, un petit cours d’eau à franchir me donnera du fil à retordre. Redescente sèche à Bocca San Pedru pour une interminable traversée pour rejoindre le Col de _MG_8018Vergio.
12h00.Col de Vergio, c’est la fête, deux heures de pause, restaurant et point météo…les prévisions sont catastrophiques. On voit d’ailleurs que des accumulations nuageuses commencent à se former.
14h00.départ, direction Ciottulu di i Mori; il faut remonter le Golo, ruisseau mythique de l’histoire corse qui prend naissance au pied du Paglia Orba. Je lambine bien dans la montée, _MG_8048profitant de ce cadre idyllique pour le dernier jour de beau temps, avec entre autres une courte baignade, une longue sieste sur un rocher chaud comme il faut et une session photo de goligolien.
_MG_807119h45.refuge de Ciottulu di i Mori, qui lui est gardé, c’est à n’y rien comprendre…enfin, après avoir longuement hésité je décide que le lendemain je rebrousserai chemin et terminerai par le sentier de randonnée « Mare e Monti ». Le cirque de la solitude est en glace, j’ai amené les crampons et le piolet mais je n’ai guère envie de me retrouver en haute montagne avec les orages.

 

Mercredi 15 mai: D+ 400m / D- 2300m
_MG_8081 _MG_80927h00.en fait il fait beau, mais je décide, la mort dans l’âme, de suivre ma décision de la veille.
Je redescend le Golo pour prendre le sentier de la transhumance, je croise de nombreux mouflons, une salamandre, du brouillard pas trop épais et de nombreuses averses…
Je passe Bocca di Guagnerola, qui m’offre une vue splendide sur des granites multicolores, et encore des mouflons, et 800m de dénivelé négatif.
11h00.je franchis Bocca Capronale, qui m’offre une vue splendide sur 1200m de dénivelé négatif, le chemin est vertigineux, les lacets sont taillés dans le flanc de la falaise. En bon randonneur irresponsable je fais partir un gros bloc qui dégringolera pendant une bonne minute avec fracas (un peu comme quand Pippin fait tomber le seau dans la tombe de Balin*).
Bref une descente interminable et douloureuse qui se termine par une piste forestière jusqu’à Barghjana.
15h00.arrivée à Barghjana, de là il reste 5km sur route à parcourir jusqu’à Tuarelli, je fais une pause sous une averse, sur le parking situé à côté de l’Eglise, c’est la crise j’ai vraiment mal.
15h30.départ…je mettrai 1h30 pour faire le trajet jusqu’au gite.
17h00.arrivée au gite, intéressant. Le patron est complètement beurré, l’équipe semble tout droit sortie de massacre à la tronçonneuse. Je mange mes pâtes au bord du Fango, c’est super. En fait non, quand elles sont cuites il se met à pleuvoir copieusement, de rage je les jette, ça fait dix jours que j’en mange, j’ai même plus de fromage rappé ni de concentré de tomates pour leur donner un semblant de goût. J’achète deux bières, enfin là aussi c’est pas vrai, je les ai jamais payées^^.
Bon bilan du soir, je regarde la carte, je table sur deux jours pour finir, le panneau à côté du gîte indique 7h pour aller à Bonifatu.

Jeudi 16 mai: D+ 1400m / D- 1220
7h00.il pleut… je mange une glace (cool non?) et je retourne me coucher (là il commence à y avoir du suspens).
10h15.il ne pleut plus (dénouement inattendu tiens!),je décampe après avoir payé la nuitée et la moitié des consos au fameux Pierrot Mariani.
11h15.je cours dans le maquis, le sac n’est plus très lourd, le maquis est trempé, je suis trempé, il fait beau, j’arrive rapidement à Bocca di Luca.
12h45.Bocca Bonassa (ça fait un peu « la bouche de la bonasse » non?), dans les pins et le brouillard, le vent les chasse et m’offre une vue splendide sur Calvi, cependant ce moment est trop éphémère pour être immortalisé et il fait bien froid, et humide, mon rythme de progression est bon, je descend tout droit sur Bonifatu.
_MG_8102 _MG_811514h15.Bonifatu, j’ai bouclé en 4h ce qui était donné en 7, whaou, je suis un sur homme! Sur cette lancée je vais continuer, je me renseigne au gite (très sympa); il faut 5h pour aller à Calenzana et en plus le gite est  complet! Je fais ma dernière pause, vide mon sac de tout ce qui est superflu, je jette mes chaussettes qui on vaillamment tenu depuis le premier jour (elles sont passées de noires à vertes, et de pas trouées à trouées pendant le périple).
15h30.c’est reparti, du chemin de rando tranquillou, essentiellement une piste forestière, il y a des nuages de partout mais le chemin est au soleil.
18h00.je rejoins l’itinéraire balisé rouge et blanc, soit le départ officiel du GR20, 15 minutes plus tard je suis à Calenzana.
18h30.une infirmière jeune et jolie (si, c’est vrai) me prend en stop pour Calvi, direction restaurant pour festoyer.
21h00.j’ai super bien mangé, à la fois vu ce que j’ai mangé pendant 8 jours c’était pas dur, je m’en vais chercher un hôtel. Et c’est là que…
…tous les hôtels sont pleins, c’est le départ du tour de Corse en Rallye (« Fuck you God »), je m’apprête à passer la nuit dehors malgré la pluie, mais le destin en décidera autrement : je rencontre Alexandra, une jolie petite brune à la taille fine, elle m’invite à passer la nuit chez elle, mais il faudra que je partage le lit avec sa cousine Laetitia, une petite brune tout aussi mignonne. Je leur raconte mon périple à travers la montagne corse pendant qu’elles font la cuisine, les yeux brillants, puis…j’aurais bien aimé que ça finisse comme ça, j’ai du en rêver depuis mon rocher à Maltaza…. En vérité, et par hasard, et oui, comme souvent, je croise un gros chauve avec une énorme cicatrice sur le crâne à la table d’un café (il est quand même 23h), qui me propose de m’emmener dormir quelque part pour 50 euros. Au final je me retrouve dans un motel, trop la classe. Bon comme c’est louche quand même je dors avec le piolet sur la table de nuit.

Vendredi 17 mai:
retour en train à Ajaccio pour entamer deux semaines de convalescence au village.

Bilan:
– GR20 pas terminé, mais la décision était la bonne je pense, dans le brouillard au mieux je me serais pas amusé, et ça fera l’occasion de revenir et de faire le Cintu dans la foulée.
– Bonne gestion de l’autonomie, même si c’est un sacré handicap et que ça fait vraiment souffrir d’avoir 5kg de nourriture au départ.
– Très mauvaise appréciation de la difficulté d’une randonnée; comme en ski de rando je n’avais pris en compte que les difficultés liées aux montées…grosse erreur, très grosse erreur, je n’ai jamais autant souffert que dans les descentes. Après d’un point de vue technique c’est bien alpin, aucun soucis pour des montagnards, mais peu choquer les randonneurs « classiques ».
– Qui est chaud pour le faire en 5 jours l’année prochaine? on peut trippler les étappes, si si (et doubler les « p » aussi)!

Et bien sûr, d’autres photos ici!

Anto’

PS: coucou à tous les gens que j’ai pu croiser sur le chemin; les bretons, les ubayais, les savoyards, les corses mais aussi les cohortes de belges assoiffés de sang.

PS2: pour les ronfleurs d’Usciolu, allez ronfler en enfer, merci !

Trip en Sardaigne automne 2012

Le temps étant morose dans nos vertes contrées, nous profitons des vacances de la Toussaint pour aller dans un endroit chaud pratiquer les mêmes activités que d’habitude, à savoir la grimpe, le canyon, la spéléo et la cascade de glace!

La sierra de Guara était envisagée, mais au dernier moment les conditions météo nous ont rabattu sur d’autres latitudes; Sardaigne ou Crête, et comme la crête c’est trop loin; c’est la Sardaigne qui l’a emporté! En plus ils parlent italiens là bas, donc on sait qu’on sera moins largués que chez les grecs!

Alex, Aurélia et Moi même partons mercredi 31 Octobre de Grenoble, Iker nous rejoindra lundi suivant vu qu’il n’est ni en vacances, ni en stage, ni au chômage.

Les 10 jours aurons coûté environ 500 euros par personne, tout compris!
Plus de photos ici!
Jeudi 1 Novembre:

Débarquement a Porto Torres
Direction Sassari pour récupérer le topo spéléo commandé la veille par téléphone aux “edizione di sardinia”
Arrivés en avance, nous nous offrons la visite d’un pittoresque centre commercial…
Après avoir difficilement trouvé l’adresse indiquée, nous prenons un café serré toujours en attendant les responsables.
Finalement ils arrivent et nous ouvrent à 16h pétantes, on récupère le topo (dernière mise à jour 1998) ainsi qu’un bouquin en plus mais nous refusons poliment celui sur les plus belles plages de Sardaigne (malgré une couverture signée d’un maître de publisher 94). S’ensuit la signature du contrat de vente (3 pages) et nous pouvons y aller.
La Sardaigne comprend 2 massifs montagneux; le Nuoro et Cagliari nous décidons de commencer par celui au Sud, il y a moins de canyons et comme ça nous rejoindrons Iker au Nord.
Nous nous dirigeons donc vers Villacidro, le trajet est vite fait, en empruntant la voie express.(1h45)
Nous bivouaquons sur un parking surplombant la ville au pied du site de grimpe local, et à 5 minutes de l’entrée du canyon du lendemain.

 

 

Vendredi 2 Novembre:

On attaque de bonne heure avec le Rio Coxinas, un petit canyon mal noté par descente-canyon.com mais pas trop mal dans le topo. La première bonne surprise est la marche d’approche ultracourte, la seconde est que l’équipement du canyon est tout neuf (le topo de Fiorina indique qu’il vaut mieux prévoir la trousse à spit.) C’est un joli canyon qui commence dans les lauriers roses, il y a un bel enchainement de cascades à la fin aux couleurs de Piscia di Gallu (corse)
On sort vers midi, on plie les affaires et on enchaine avec le Rio Orrida; le canyon 4 étoiles du coin. La route d’approche est très bonne, nous y croisons des cerfs pas farouches. La marche d’approche est raidcoxinase mais très bien balisée (dans cette régions les itinéraires canyons sont balisés avec des points bleu sur bande blanche et des kairns). Au sommet de la montée on aperçoit la C40, ça coule mais sans plus. On descend dans le canyon et on se met dans l’eau dans un cadre granitique de toute beauté. Le canyon est aquatique au début puis devient de plus en plus plat, ainsi toute la fin peut être faite par les sentiers balisés par les kairns. Cela aura été bien pratique pour finir à la frontale; il fait chaud comme en été mais la nuit arrive à 17h30!
En fin de journée nous décidons que le lendemain ce sera spéléo, avec la grotte San Giovanni, nous bivouaquons dans un champ/fôret étrange aménagé pour le camping, une sorte de mélange entre le projet Blair Witch et les endroits où orridales sectes se suicident collectivement.
Samedi 3 Novembre:
On a bien dormi (trop) et on s’est pas suicidé (cool). Il est temps de se mettre en route pour la grotte San Giovanni, dont la galerie principale est paraît-il intégralement goudronnée! Avant nous faisons un petit détour pour trouver un « internet café » mais il semble que dans se pays les gens ne connaissent pas, ou alors on prononce mal!
Nous arrivons finalement à la grotte San Giovanni en début d’après midi, la route est coupée pour les travaux, et la grotte (qui s’avère en fait une grotte touristique) est « fermée » au public, de même que le secteur de grimpe attenant. Prétextant que nous ne comprenons pas l’italien nous entrons quand même histoire de faire chauffer les Scurions pour la première fois du séjour. Nous visitons donc la galerie principale, puis nous nous heurtons a une lourde grille à l’entrée du méandre qui doit déboucher sur la suite du réseau.
Le site de grimpe est bien décrit dans le topo, on profite de la fin d’après midi pour faire quelques voies à l’entrée de la grotte, version Petzl Rock Trip! (c’est probablement là qu’Alex a perdu son bidon de canyon tout neuf)
Pour ne pas rester sur cet échec (car oui, pour une sortie spéléo c’est un échec), nous décidons de rejouer la carte spéléo pour le lendemain et nous allons dormir au Col San Angello pour faire la superbe grotte Su Manau.
Dimanche 4 Novembre:
Comme la veille nous avons trop dormi nous décidons de nous réveiller tôt!
En fait non, nous serons juste réveillés à 6h du mat par une orde de chasseurs (15 chasseurs sardes), j’avais senti le truc avant qu’on se couche, sans vouloir y croire…
Bref ça nous réveille mais on reste dans les tentes jusqu’à tard finalement…
Enfin on descend sur Su Manau, nous croisons un groupe de spéléo qui nous dit qu’un groupe est dans la cavité mais qu’il fallait avertir et que donc c’est (caramba) encore raté!
Je monte voir avec Alex pendant qu’Aurelia trie du matos à la voiture; la porte est fermée, mais pas à clefs, on rentre… après quelques mètres on y voit plus rien et aucun de nous deux n’a de lampe (c’est pas comme si on en avait 7 dans la voiture). Néanmoins on distingue un gros boitier en métal: le disjoncteur ! On allume la grotte et on visite la partie touristique en 4e vitesse. On voit des cordes, on ressort, on s’équipe et on retourne avec Aurelia en laissant au passage un petit mot sur la porte d’entrée.mannau Au bout de 5 minutes (dans le noir cette fois) on croise le fameux groupe guidé par Ubaldo, guide officiel qui nous rallume la lumière et nous fait visiter la cavité mais nous ne continuerons pas.
A la sortie de la grotte (qui au passage était splendide), il nous conseille d’aller visiter une cavité plus modeste, la grotte San Petru à 150m de là. Sans grande conviction nous nous y rendons.mannau2
Finalement ce n’est que de la marche (sauf 3m d’escalade) mais dans un cadre tout simplement superbe; dès l’entrée la roche est très concrétionnée, nous découvrons une colonie de chauve souris quelques salles plus loin. Nous passons environ 2h30 sous terre. A la sortie nous rencontrons le gérant de Su Manau et sa famille qui finissent leur pique nique et nous convient à boire un verre (surement attirés par nos reluisantes scurions et l’équipement flambant neuf d’Alex). Ils nous conseillent sur les grottes à voir dans le nord ainsi que sur les endroits où camper (même si c’est pas bien). En tout cas ils sont biens plus avenants que les corses, parait-il…
Pour le lendemain on décide d’aller grimper dans l’extrême sud, à Villasimius, on bivouaque sur la plage, les gardes passent mais ont l’air de s’en foutre.
Lundi 6 Novembre:
Une fois de plus on dort mal, un vent de folie qui donne l’impression qu’on va faire du para avec la tente, et une chaleur tout à fait incongrue! (sauf Auré qui a bien dormi il parait).
On a juste à faire 500 m et on est sur le site de grimpe, il s’agit en fait d’une ancienne carrière de granite.
Le rocher est superbe, abrasif à souhait, très bien équipé, on se fait plaisir toute l’après midi.
En fin d’après midi on remonte à la rencontre d’Iker qui nous attend à Oliena, je crois qu’il y a eu des soucis sur la route, j’ai dormi en fait.
Très tard on retrouve notre camarade espvillaagnol, on trouve une petite pizzeria avec plein d’autocollants sur la vitrine, dont un de « corse canyon », on est rassurés, on entre, d’autant plus que la serveuse avec ses cheveux roses est tout à fait canon (mais elle a un copain, et s’est la fille du patron,alors pas de gaffes). Pendant le repas on décide alors d’aller au refuge spéléo de Sa Ohe, qui est proche des canyons, des sites de grimpe et bah des grottes bien entendu. Le bivouac est au top du top.
Mardi 7 Novembre:
On a bien dormi! Tellement bien qu’on décide de laisser les tentes pour la nuit suivante. Programme du jour Spéléo et Canyon, ou l’inverse.pentuma
On commence de bon matin avec le canyon mythique Badde Pentumas, le plus beau “Dry” de Sardaigne, dans lequel on trouve toute une succession de vasques puantes accueillant algues et carcasses. Bon la marche d’approche est très belle, celle de descente aussi (c’est de la rando pas du canyon, Iker est tout à fait dégouté). Pour l’annecdote Alex a recopié le topo mais mal, les cascades ne sont pas dans l’ordre et on sait plus où on est!
Après midi, pour se rattraper, on va faire du canyon, mais sous terre cette fois! Avec la visite de la grotta Su Bentu! Très belle cavité, équipée de mains courantes cablées tout du long jusqu’à bentula partie aquatique! Dans l’eau le haut de la combi aurait pas été de trop, mais c’est pas le Vercors non plus!
On sort sous la pluie, on se prend une douche avec un tuyau d’eau froide au refuge (fermé) et on se sèche avec un joli feu de bois*
On passe une seconde nuit ici tellement c’était bien. Le lendemain ce sera canyon; la fameuse “grotta Donini”.
*si on  vous demande où est passé le tas de bois, dites que vous ne savez pas, merci.
Mercredi 8 Novembre:
Sans surprises on a bien dormi, nos affaires on séché près du feu.
On se met en route pour la Donini, la route est longue, longue et pas très bonne du tout (c’est pas français ça mais j’aime bien). Une fois arrivés au parking où les cochons sauvages nous attendent pour nous dévorer, ou plutôt chier partout pour pourrir le matos, nous nous équipons et partons tout guillerets à la recherche du puits d’entrée de la grotta donini qui s’ouvre à 3m en rive droite de la codula Orbisi (un très joli “dry” il parait…)
doniniL’entrée est très sympa, un joli trou  de 80 cm qui se termine sur un gruyère, les premiers mètres dans le canyon sont angoissants; les gours sont secs alors qu’il y avait de l’eau sur les photos de DC! Un peu plus loin nous trouvons de l’eau, pas super limpide néanmoins… Nous poursuivons et arrivons sur les parties les plus aquatiques où il faut nager dans une eau pas très chaude et dans laquelle flottent des merdes de chauve souris. Malgré le dégoût apparent avec lequel j’écris ces lignes, c’était vraiment super classe, mais c’était de la spéléo! Pas du canyon! Le canyon s’achève par une C50 qui sort en paroi, on regrette encore que le débit n’ait pas été plus conséquent, mais ça reste superbe.
On retourne à la voiture, on se barre sur Dorgali en frisant la panne sèche avec Iker (heureusement la descente du col de Salinas se fait au point mort presque tout le long…) Après avoir fait le plein, certains mangerons un bon plat de moules marinières en pensant se voir servir une soupe de harricots* .Puis on lit le topo de grimpe (ou on regarde les images, c’est pas mal aussi) et on décide d”aller grimper non loin de là le lendemain.
Après quelques errements on trouve un coin pour dormir, balisé par un panneau “divieto camping”, mais on s’en branle on parle pas italien!
*zupetta di cozze
Jeudi 9 Novembre:
On dort pas mal, on se lève, on plie les tentes, et la police arrive! Subitement tout le monde en perd son latin et parle anglais; ce vieux moustachu de la polizia nazionale n’y verra que du feu et nous laissera “have breakfast” en paix,  à conditions que nous ne mettions pas de slip, ou quelquechose comme ça…
Fini de rire, on a dormi, on a mangé, on a fait que descendre des trucs jusqu’à maintenant, il est temps de faire un peu de vrai sport! Nous arrivons à la Poltrona, 5 minutes d’approche. Alex et Auré vont dans une voie modeste qui reste dans leur moyens, avec Iker on va se la péter dans la plus longue voie (178m) avec des longueurs en 6c et 6b+.ok_deutschwall
Bah le soir on faisait moins les malinois, on a donné du beau spectacle à nos collègues en passant 6 heures pour les 6 longueurs de Deutsch Wall, une voie juste abominable(un vrai régal^^) où y’a des points tous les 4 mètres sur les passages équipés “serrés”. Il fait nuit quand on redescend au pied de la voie (après avoir coché quand même!). On rejoint Alex et Auré puis on retourne sur Dorgali pour fêter ça autour d’une biere et de mojitos sans citron vert (« sorry; non c’è piu lime »).
Dans ce bar où le service laisse à désirer (pour une fois je ne l’avais pas sélectionné pour le physique avantageux de la serveuse, mais parcequ’il y avait des nichons sculptés sur les murs (ce qui n’était pas pour déplaire au reste du groupe)) nous éclatons mon forfait 3G pour nous renseigner sur la grotta Su Palu, objectif du lendemain, unanimement décrite comme la meilleure de Sardaigne. Nous retournons au col Salinas pour bivouaquer à l’endroit indiqué par le gérant de Su Manau quelques jours avant. Nous faisons un joli feu pour déguster des wurstell délicatement cendrées.
Vendredi 10 Novembre:
On pue le feu au réveil, mais c’est toujours mieux qu’autre chose… puis on se met en route pour la Codula di Luna (falaises connues plus bas). Avant cela nous passons voir Antonio du groupe Spéléo (sur les Conseil d’Ubaldo de Fluminimaggiore) car nous avons vu, la veille, sur google, qu’il y a une grille à l’entrée de la cavité. Dans le village tout le monde le connait, il tient la quincaillerie. Il nous rassure sur l’accessibilité de la grotte et nous donnes quelques conseils sur le ramping humide qui arrive très tôt dans la grotte “en slip”. Décidément ils font une fixation là dessus.
Nous rentrons dans su Palu le balisage a l’intérieur est très bon (plaquettes 3M reflechissantes), tout est équipé. Le franchissement du fameux boyaux est effectivement plus agréable en slip qu’en combi, mes affaires prennent un peu l’eau dans le kit mais sont suffisamment sèches pour continuer agréablement, ce n’est pas le cas pour tout le monde!palu La cavité se poursuit dans un chaos de bloc puis dans un très long méandre rectiligne qui débouche sur un lac souterrain immense (un vrai lac souterrain, pas gournier ou le lac cadoux!) qui collecte plusieurs affluents. On remonte le premier affluent sur quelques centaines de mètres et on fait demi tour et on sort.
Dans une enieme pizzeria, on choisit les canyons du dernier jour, au passage je relis le topo de grimpe qui confirme que la voie de la veille “la mariacher” (deutsch wall) est bien connue pour être abo. Ca m’apprendra à regarder les images, notamment celle de la page 349. On fini par prendre la route pour bivouaquer à l’entrée du canyon du lendemain Bau Vigo
Samedi 11 Novembre:
On se lève trop tôt, pour même pas aller dans l’eau mais bien prendre le petit dèj au bar 500m plus loin. Après ça on rentre dans l’eau moisie du canyon, très beau canyon si ce n’est que les premières vasques sont une décharge. On enchaine tout ça rapidement, la cascade finale fait penser à une version géante de celle des 3 blaireaux… La marche de retour est sympa, on arrive vite à la voiture et on se taille pour faire le dernier canyon avant de rentrer.
E forru est situé dans un autre massif; le Gennargentu, dans cette zone reculée du globe, le traffic est ralenti par les divers bestiaux qui arpentent les routes délabrées; vaches, sangliers, cochons, cochongliers, ânes, chevaux …  C’est un endroit magnifique et sauvage. Une fois au parking il y a 3 minutes de marche d’approche jusqu’au canyon. Pour une fois le débit est tout a fait correct, mais le tout se descend en une petite heure seulement (néanmoins c’est assez pour qu’Alex tente de se tuer 2 fois).gennar
Une fois à la voiture on file dans le nord, à Siniscolas, où Alex et Auré vont grimper tandis qu’Iker et moi préferons les attendre à la pâtisserie.
A la nuit tombée, on embarque au Golfo Aranci, on trouve un endroit cosy pour dormir dans un des niveaux condamnés du bateau (l’ancienne boite de nuit transformée en buanderie). Nous nous y endormons paisiblement.
Dimanche 12 Novembre:
Réveil en sursaut à 4 h du mat par le staff du bateau qui n’approuve pas notre emplacement. On bouge et on se rendort aussi sec malgré la tempête qui fait rage dehors, parce que mine de rien on est crevés.
Quelques heures plus tard on débarque à Livourne sous une pluie battante; il nous faudra près d’une heure pour sortir de la ville pour aller faire gaiement de l’aquaplaning sur l’autoroute et enfin rentrer chez nous!